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8 novembre 2023

L’honnêteté en entrevue, est-ce payant ?

L’honnêteté en entrevue, est-ce payant ?

Se montrer à son avantage, enjoliver son récit, inventer une anecdote, exagérer légèrement une compétence, omettre certains détails, faker une corde de plus à son arc, s’arranger pour que la réalité serve nos qualités, manipuler son auditoire, influencer la perception qu’il peut se faire de nous… S’il existe mille et une manières de nommer les stratagèmes que nous pouvons mettre en place pour arriver à nos fins lors d’un entretien d’embauche, nous choisirons ici (en toute franchise car on se doit de montrer l’exemple) d’appeler un chat un chat en se demandant: en entrevue, le mensonge est-il notre meilleur atout ou notre pire ennemi ? Et pour répondre à cette question, on va ici s’en poser 3 autres : Qu’est-ce qui motive le mensonge en entrevue ? Quels besoins cherche-t-il à combler ? Et enfin, comment l’éviter ?

« Photoshop ? Oui, oui je connais bien, mais je préfère manger indien. » (ou mentir pour diminuer son anxiété)

Soyons honnêtes (ça commence bien), pour chacun et chacune d’entre nous, une entrevue est un moment particulièrement stressant(1), et c’est bien normal. Face à une anxiété parfois difficilement gérable, une peur d’échouer et de ne pas convaincre grâce à l’humain génial qu’on est ou à nos habiletés dignes de celles d’Elon Musk (sacrée pression convenons-en !), certain.e.s optent pour une version 2.0 d’eux-elles-mêmes, transformant à plus ou moins gros traits la vérité. Parce qu’on se sent « en danger », en dehors de notre zone de confort et qu’on veut à tout prix donner la bonne réponse à chaque question qui nous est posée, cette avenue, celle où on s’arrange avec la réalité, se présente comme rassurante, facile et sûre. Loin de justifier la démarche, l’anxiété éprouvée en entrevue est un premier élément qui nous permet de comprendre ce qui se joue en nous à cet instant et qui peut nous pousser à mentir. Comprendre pour mieux déjouer ce mécanisme. Car la bonne réponse existe-t-elle vraiment ? Pensez-y.

« J’ai couru 2 marathons et préparé le repas des kids pour toute la semaine. Et toi, ta soirée ? » (ou mentir pour masquer son manque de confiance)

Bien souvent, ce qui conduit les individus à ne pas être totalement honnêtes en entrevue, c’est la crainte de ne pas être à la hauteur des attentes d’un.e employeur.se, autrement dit le manque de confiance en soi. Arrêtons-nous un instant pour déboulonner un mythe et débloquer les choses pour chacun.e d’entre nous : il est à peu près quasiment impossible qu’une personne normalement constituée remplisse toutes les cases d’un poste et qu’elle en maîtrise à la perfection toutes les tâches. Hallelujah ! C’est dit, vous voilà libéré.e ! Réconcilions-nous avec notre imperfection ! Être un humain accompli et complet, c’est beau sur le papier, mais ce n’est pas toujours possible en vrai (et heureusement, car ça ne doit pas être facile à vivre !). Soyons d’accord pour ne pas être parfait.e.s et apprenons à apprécier notre juste valeur avec transparence et fierté. Retenez ça : s’assumer pour ni plus ni moins que ce qu’on est, c’est s’enlever un poids et avancer plus sereinement et en confiance.

«Yes, I am sais parler english currently ! » (ou mentir pour cacher ses faiblesses)

Dans le cadre professionnel, aborder ce qu’on ne sait pas faire, mettre en lumière ses lacunes, c’est rarement la voie privilégiée. Pourtant, reconnaître ses faiblesses, en entrevue (et dans la vie en générale), c’est essentiel(2). Non seulement ça sert notre développement personnel, ça nous permet de nous améliorer en tant qu’individu, mais ça montre à l’employeur.se que nous sommes capables de recul sur nous-mêmes, d’auto-analyse et, ce faisant, ouvert.e.s à l’apprentissage et à l’amélioration constante. Nous sommes par définition des êtres en perpétuelle évolution, du jour de notre naissance à celui de notre mort. Entre les 2, on se trompe, on n’y arrive pas, on recommence, on apprend, on finit par y arriver, on grandit. Être capable d’identifier ses faiblesses et de les nommer, c’est prometteur pour la suite, et face à un.e employeur.se, c’est franchement un bon début. Et voilà comment, sans même s’en rendre compte, on transforme ses faiblesses en forces, en levier pour avancer. Retenez ça : ne cachez pas vos faiblesses, elles sont un bel atout.

« Pour être honnête avec les autres, il faut d’abord être honnête avec soi-même. »

Unsplash-Charles Deluvio

« J’aurais pu être astronaute, la NASA me voulait, mais j’ai préféré être graphiste au Pop- Up Lab. » (ou être honnête pour s’épanouir pleinement)

Qu’est-ce que je VEUX faire et qu’est-ce que je PEUX faire ? Pour avoir un discours et des aspirations honnêtes, à la fois challengeantes (notez que rester ambitieux.se ne vous déviera jamais de la bonne voie) et réalistes, il est important de trouver un bon équilibre entre les réponses à ces 2 questions. Une fois que c’est fait, il sera plus facile d’avoir un regard franc sur soi-même, de savoir où on se situe, et où on veut aller. Cette connaissance, cette honnêteté envers soi-même, en plus de nous amener à s’assumer avec aplomb et confiance, ça ne peut que nous conduire à être honnête avec notre employeur.se. Oh le beau cercle vertueux ! Oh la belle boucle bouclée ! Pour les employeur.se.s, l’absence d’honnêteté en entrevue est rédhibitoire(3). Et si on parvient à duper le monde le temps d’une entrevue, ce n’est généralement qu’une question de temps avant qu’on ne soit démasqué.e. À éviter donc. Retenez plutôt ça : pour être honnête avec les autres, il faut d’abord être honnête avec soi-même.

Et vous, vous attendez quoi d’une entreprise ou d’un.e futur.e employeur.se ? Intégrité ? Honnêteté ? Si c’est votre droit le plus absolu, dites-vous que la réciproque est tout aussi vraie (c’est même une des principales valeurs de RSE(4) !). Votre profil, votre personnalité, votre parcours, vos talents, sont uniques. La plupart des employeurs.ses d’ajourd’hui s’intéressent à l’humain qui se trouve en arrière des compétences listée sur un CV. Assumer qui on est et qui on n’est pas, c’est une marque de confiance, de maturité et de professionnalisme. Et en plus, vous vous sentirez mieux, libéré.e de votre anxiété et enligné.e avec vous-même. Croix de bois, croix de fer ! Il ne vous reste plus qu’à essayer.

Cet article a été rédigé par notre contributrice, Angèle Nossereau, conceptrice-rédactrice. Vous souhaitez soutenir notre organisme comme commanditaire en vous impliquant dans la création de contenu à impact positif ? Contactez-nous à phi@popuplab.ca

Illustration de couverture : Dalkhafine

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